Couverture du Chant des cent pierres
Couverture du roman

Vous voulez en savoir plus sur les premiers pas communs des hommes et des loups ? Lisez la trilogie des chants ! 

Cette trilogie est une vaste saga qui vous transportera aux temps préhistoriques des premières rencontres entre tribus nomades et meutes de loups sauvages (https://librairie.audreco.com/book/la-trilogie-des-chants).

En guise de « mise en jambes », un chapitre du « Chant des cent pierres » : l’Alliance !

Résumé des chapitres précédents : 

Veille de Loup-Fauve : Époque préhistorique, un jeune loup, solitaire, survit dans une jungle hostile, quand il se rend compte qu’un « Deux-pieds », la race honnie, est entré dans son territoire… Il décide de s’en débarrasser, coûte que coûte ! (https://youtu.be/EZo50q8xEzM)

La traque : Deng, chasseur coureur de la préhistoire, déterminé à se rapprocher du jeune loup, pour lequel il éprouve, attirance et admiration. (https://youtu.be/gH5sVKNXiR8)

Vous êtes maintenant prêts pour le chapitre offert ici : « l’Alliance ! »

L’alliance

Ses muscles lui font mal, et le sol brûle ses paumes. Peu à peu, un profond désespoir le gagne. Son instinct l’a certes guidé où le deux-pieds ne survivra pas, mais le louveteau découvre, horrifié, qu’il ne gagne rien à cela pour lui-même : dans ce lieu hostile où tout lui est inconnu, aucune nature pour disparaître et s’y dissimuler. Son instinct l’a trahi. Il lui faudrait désormais user son adversaire à la course, mais il sait bien qu’il ne le pourrait pas. Le bon sens aurait dû conduire son poursuivant à renoncer, et c’est précisément la démence de cette course devenue insensée qui vient comme un poison paralyser son énergie. 

Placé devant l’inéluctable, l’animal sauvage se résigne souvent, abandonnant avec noblesse une lutte devenue inutile ; Loup-fauve, déjà presque vaincu, laisse désormais le deux-pieds gagner sur lui. Le chasseur est maintenant si proche que le loup perçoit son souffle.

Toute sa chair attend, mais sans révolte, la morsure mortelle, car, si jeune qu’il soit, par apprentissage ou de naissance, il sait que les deux-pieds savent projeter la mort bien loin au-delà d’eux. 

La mort ne vient pas. Il semble à Loup-fauve, que de manière incompréhensible, son poursuivant ait à son imitation, ralenti sa course, comme s’il renonçait à le rattraper. Intrigué, le louveteau réduit encore son allure : voilà qui est certain, le chasseur a réduit la sienne. Tout en ne perdant rien de son instinctive méfiance, le jeune animal se rend à l’évidence, le deux-pieds ne cherche pas à le détruire !

Depuis quelques instants, quelque chose a changé dans l’environnement ! Mais quoi donc ? Soudain, le louveteau réalise qu’il est désormais seul : le deux-pieds a disparu !

De manière surprenante, cette découverte qui le réjouirait s’il courait sur son territoire le laisse, au sein de ce nouvel univers inconnu, désemparé. À son tour, il met fin à sa course. Où aller désormais ? Hésitant, d’un pas incertain, et comme malgré lui, le jeune fauve part à la recherche de son ancien poursuivant. 

Le désert autour de lui est plein d’odeurs qu’il ne reconnaît pas, et qui ne sont pas loin de l’affoler.

Puis des sons, des cris, il ne peut s’agir que de quelque animal inconnu et menaçant. Soudain, au comble de la terreur, le louveteau s’aplatit au sol : devant lui, une silhouette gigantesque, difforme et bossue, se balance sur le sable, marchant droit sur lui. Ouvrant des marines monstrueuses, le géant hume. Pas de doute, il a reconnu l’odeur du jeune loup. Violents cris de menaces ! Mais bientôt, le louveteau reprend courage. Bien qu’il continue de gronder et menacer dans sa direction, le géant s’est arrêté. Celui-ci ne semble pas décidé à attaquer.

Comme une ombre, le louveteau s’esquive, en direction du deux-pieds, dont il vient de découvrir l’odeur. Demeurer dans l’environnement proche d’un ennemi qu’il continue pourtant d’exécrer, mais qu’il reconnaît cependant, le rassure quelque peu. Et puis, le louveteau le sait bien, les deux-pieds savent retenir loin d’eux les prédateurs les plus dangereux. Ils allument parfois pour cela des incendies, qu’ils contrôlent, ce que les loups, bien plus savants que les autres mammifères, ont observé depuis longtemps. Les loups n’auraient garde, bien sûr, de trop approcher flammes ou deux-pieds. Mais ils connaissent de longue date cette zone intermédiaire autour des feux, où ne s’aventurent, en tout cas la nuit, ni les deux-pieds, qui ne quittent guère la lumière protectrice des foyers, ni les prédateurs, qui préfèrent fuir au loin, zone qui peut donc constituer pour eux une sorte de refuge. 

Le deux-pieds n’allume aucun incendie. Mais qu’importe ! Le géant bossu ne s’approche pas.

À présent, le deux-pieds qui s’est endormi, respire avec peine ; parfois, il crie, ou profère des sons étranges : le deux-pieds agonise de soif, et bientôt, Loup-fauve sera seul dans ce désert hostile. Le jeune animal souffre lui aussi de la soif. Mais avec la nuit venue, un peu de rosée se dépose sur les pierres et sur les rares plantes : lécher cette rosée ne désaltère certes pas, mais apporte tout de même un peu de fraîcheur. Par contre, le louveteau ne trouve rien à faire pour lutter contre une faim féroce, qui lui taraude désormais les entrailles : les petites proies qui constituaient jusqu’alors son ordinaire ne semblent pas exister ici. Avec le calme revenu, le jeune prédateur a bien identifié que Géant-bossu n’appartient pas au monde des animaux qui chassent, mais à celui de ceux qui sont chassés. Mais comment, songe-t-il avec rage, être aussi gigantesque pourrait-il devenir pitance accessible ? 

Une telle chasse est hors de sa portée. Hors de sa portée, mais non pas hors de celle d’un deux-pieds équipé de sa branche de mort. Le deux-pieds près de lui possède une telle branche, mais il va mourir… Le louveteau se désespère…

Le jour est levé. Le deux-pieds s’est éveillé. Il inspecte les alentours, et découvre le louveteau noir. Ce dernier a flairé l’eau. Il gémit, il va et vient devant le deux-pieds, et gémit encore. Le deux-pieds ne comprend pas. Mais devant l’insistance du louveteau, il finit par se lever, et suit ce dernier qui se hâte. 

Ils n’ont pas marché plus qu’un petit morceau de jour, qu’ils y sont. Le louveteau gratte la pierre, en dessous d’elle, on entend l’eau couler. Le deux-pieds, qui soudain semble récupérer des forces, se précipite. En quelques instants, la roche est soulevée, le deux-pieds, à plat ventre, boit longuement. Mais bientôt il s’écarte, laissant sa place au loup. Celui-ci, sitôt qu’il a un peu bu, s’enfuit en courant. Le deux-pieds hausse les épaules, boit à nouveau, décide de prendre un peu de repos.

Loup-fauve, aussi vite qu’il le peut, court en direction de Géant-bossu, dont il sent, sans pouvoir se tromper, la puissante odeur. Bientôt, il le découvre, il le contourne, et s’approche en grondant. Géant-bossu est couché. Il se redresse brusquement. D’abord, il fait mine de charger le louveteau, et retroussant les lèvres, montre des dents jaunies. Crânement, le jeune loup fait face. Géant-bossu renonce et fait demi-tour, s’en allant dignement. Aussitôt, courant de droite et de gauche, Loup-fauve oriente sa marche. Puis il s’assied, et hurle longuement en direction du deux-pieds.

Celui-ci, interdit, découvre en même temps, Géant-bossu, et le manège du louveteau. En un instant, il a cependant compris. Sa branche de mort est prête, il reste figé, immobile, et Géant-bossu ne devine pas sa présence. Soudain, la branche est lancée, fichée en pleine gorge de Géant-bossu, qui s’écroule à l’instant. Le deux-pieds sort de son second ventre Pierre-tranchante. L’homme et le loup, nouveaux complices de chasse, vont manger à leur faim…

Version audio de ce texte, avec la voix de Dominique Mandereau : https://youtu.be/rpB60pxrQxM

Version complète du « Chant des cent pierres » : https://librairie.audreco.com/book/le-chant-des-cent-pierres

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