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Peu importe, mais en prime, et sans d’ailleurs que l’on ait eu quoi ce soit de particulier à faire pour cela, le chien se fiche complètement qu’on le laisse seul à la maison, cinq minutes ou même la demi-journée. Tout irait très bien, en apparence, mais attention, nous venons de créer un vrai problème, et de taille celui-là : en gagnant un comportement de grand garçon, le chien vient de faire perdre à ses maîtres un chien qui avait un comportement de petit garçon, voire de grand bébé, que vous et moi qualifierions d’attardé, mais qu’eux trouvaient tellement adorable ! 

Beaucoup plus que le grand garçon que nous avons produit, en tout cas ; oui, mais qui n’aboie plus ; ah, c’est vrai, il n’aboie plus ! Il faut choisir ? Vraiment ? Oui, vraiment, il faut choisir. Ou un grand garçon, et des voisins contents ; ou un bébé, mais des soucis de voisinage ; le plus souvent, c’est finalement le voisinage qui décide… Est-ce réellement satisfaisant ?

Les cas plus difficiles

C’est donc vrai : beaucoup de gens ne donnent pas à leur chien une éducation correcte, non pas tant parce qu’ils ne savent pas qu’ils devraient le faire, mais parce qu’ils n’ont tout simplement pas envie de le faire.

Au début de mon exercice professionnel, je pensais que ce fait était lié à la piètre opinion que ma génération, et plus encore, celles qui l’ont suivi, se faisait de ce qu’il est de bon ton de considérer comme des valeurs « masculines », sous- entendues dépassées : le sens de l’autorité, le principe hiérarchique, le devoir, la morale, et tout le tralala.

C’était prendre une conséquence pour une cause. La vérité tient dans un réel malentendu, entretenu pas les chiens eux-mêmes, depuis au moins dix mille ans, mais certainement beaucoup plus, sur la nature même de la relation entre nos deux espèces. La plupart des chiens s’installent chez la plupart des maîtres à un stade nettement juvénile de leur développement, et c’est à ces juvéniles que les maîtres accordent l’hospitalité, sans sembler se douter qu’une caractéristique spécifique d’un état juvénile est d’être éphémère ; les chiens sont d’ailleurs malins, ils en rajoutent ; très bébés quand ils le sont, ils se débrouillent pour le rester le plus tard possible, et même encore un peu quand ils ne le sont plus : si vous avez bien lu votre cours sur le comportement, vous savez que l’on appelle cela la « néoténie ».

Beaucoup de maîtres et bien sûr de maîtresses se font prendre au piège. Ils prennent un bébé et ils croient qu’ils garderont un bébé. Mais le bébé, malgré eux, malgré lui peut-être, finit tout de même par devenir grand ; sans l’avoir appris ; le résultat est là : on a, plus ou moins, fabriqué un petit monstre.

En général, de tels maîtres (ou leurs voisins pour eux) finissent par comprendre : ou ils gardent leur bébé — monstrueux, et ils en subissent les inconvénients, ou ils acceptent que le chien soit devenu adulte, et ils se comportent avec lui en adultes ; ils finissent par se trouver gagnants, développant avec leur nouveau chien une relation toujours plus enrichissante.

Mais, il faut le dire, certains maîtres — certaines maîtresses, ne sont tout simplement pas capables de cette démarche ; ils ont pris un bébé, ils veulent garder un bébé ; et c’est ce qu’ils essayeront de faire, autant qu’ils le pourront, consciemment ou non.

Le plus étonnant est que bien souvent (toujours cette plasticité comportementale du chien), une sorte d’équilibre finit par s’établir, sur lequel il serait sans doute bien imprudent de porter un jugement par trop définitif. C’est vrai que bien des chiens semblent faire à leurs propriétaires une vie à la limite du supportable ; mais comme je l’ai indiqué dans un chapitre précédent, qui peut sagement juger du « goût des autres » ?

Personne, et l’éducateur pas plus que quiconque, qui sera alors conduit à donner à son programme éducatif, parfois, les contorsions les moins académiques… mais peut-être, dans ces circonstances les seules adaptées ?

Venir à bout de certains comportements indésirables passe par l’éducation du chien. Dit comme cela, tout paraît simple. 

Mais un chien bien éduqué, est-ce vraiment ce que voulait son propriétaire ? 

Nous vous avions promis d’en parler (https://www.youtube.com/watch?v=cCFdCXRDXl8&t=87s) : c’est ce que nous vous proposons aujourd’hui.

On peut choisir de vivre avec un chien plus ou moins mal éduqué, mais… jusqu’à un certain point… Les cas de morsure, par exemple ? Parlons-en prochainement ! 

Quelques liens évoqués dans la vidéo : 


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