Vous préférez écouter : https://www.youtube.com/watch?v=WucX3tLfaPY&t=16s
Vous ne vous en doutez certainement pas, mais savez-vous qu’attendre patiemment, en respectant le plus grand silence, votre chien sait parfaitement le faire ?
Il est « programmé » comme tous les animaux nidicoles
Tout d’abord, il a été programmé pour cela, comme tous les animaux nidicoles ! Rappelons que les nidicoles sont incapables à leur naissance de se déplacer ; ils sont le plus souvent aveugles et sourds, et il leur faut passer un temps plus ou moins long cantonnés dans un « nid » avant de pouvoir accompagner les adultes dans le vaste monde.
Dès le début, l’animal fait l’apprentissage de périodes d’isolement
Il va de soi que les mères, les plus attentionnées y compris, ne passent pas tout leur temps auprès le leur progéniture. Certes, les premières absences auront été relativement brèves : à cette époque, les bébés ne sont pas capables de réguler leur température par eux-mêmes, et la chaleur maternelle leur est aussi indispensable que son lait ! Il n’empêche, dès les premiers jours, sinon les premières heures, les nouveau-nés auront commencé l’apprentissage de périodes d’isolement.
Pas très impressionné
Un isolement qui ne les aura certainement pas beaucoup impressionnés, l’évolution de leur système nerveux ne leur permettant pas encore les émotions fortes. Mais bientôt, les organismes se fortifient, et l’une de leurs premières victoires sera d’avoir développé une petite chaudière interne, leur permettant une stabilisation toujours plus indépendante de leur température, premier pas vers une autonomie tout de même encore lointaine. Mais désormais, les absences maternelles seront plus longues et plus régulières.
Comment les mères s’y prennent-elles ?
Les petits dans les nids vont atteindre assez vite un niveau de développement qui leur permettrait plus ou moins de quitter celui-ci, et de manifester leur éventuel mécontentement ou leur impatience, en « donnant de la voix ». Or, on observe, et cela vaut pour toutes les espèces, qu’ils ne font ni l’un, ni l’autre. Petite devinette : comment les mères s’y prennent-elles pour apprendre à leurs rejetons à les attendre sans tenter de s’évader, et dans le plus grand silence ?
Les acquis ou la nature ?
Le plus vraisemblable est qu’elles ne font tout simplement rien pour cela, et que la nature, avec une rigueur rien moins que cruelle s’en charge à leur place : les chances de survie des animaux nidicoles pendant l’absence des parents ne sont déjà pas si importantes que cela, elles disparaissent définitivement pour les petits nidicoles qui montreraient la moindre tendance au vagabondage et aux effets sonores, ou même seulement à l’une de ces deux fantaisies : exemple saisissant de sélection darwinienne, les seuls gènes à pouvoir se transmettre à travers les générations sont les gènes « cois », qui font les sujets à la fois immobiles et silencieux.
Cas des espèces nidifuges
Le plus intéressant est que cette règle concerne tout autant les espèces nidifuges, c’est à dire les espèces dont les nouveau–nés sont en mesure de se déplacer, sinon dès la naissance, du moins très rapidement après. Pour ne citer que cet exemple, par exemple, les mères Guanacos, quand elles sont poursuivies par des prédateurs, cachent leurs petits (deux au plus) dans fourrés ou taillis, ne revenant auprès d’eux qu’après avoir dérouté leurs ennemis. Or, ce qui est extraordinaire, c’est que les petits ainsi cachés respectent la double consigne de l’immobilité et du silence aussi longtemps que nécessaire, et finissant par se laisser mourir de faim quand, par malheur, leur mère ne revient pas !
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