Le chien ne doit avoir qu’un seul maître dans la famille : vrai ou faux ?

Le chien ne doit avoir qu’un seul maître dans la famille, sinon il est perdu, vrai ou faux ? Et si, en fait, le problème était surtout (très) mal posé ? 

Le chien ne doit avoir qu’un seul maître : n’est-ce pas ce que tout le monde répète ? 

Voilà bien le genre de proposition avec laquelle nous n’avons aucune chance de trouver quelque accord que ce soit !

Une proposition pourtant largement partagée par une part significative du public, mais aussi par certains éducateurs.

Proposition d’autant plus étonnante qu’elle se trouve dans les faits contredite à chaque coin de rue, ou presque…

Cas des chiens « militaires »

Quelques exemples : commençons par ce que l’on appelle les « chiens militaires ». 

Dans l’esprit du public, un « chien militaire » se trouve rattaché à un soldat ! Ce dernier se trouvant responsable non seulement de son entretien, mais aussi de son entraînement ; et par la suite, de la mise en œuvre de ses performances. 

Donc, un chien, un conducteur, pour le meilleur et pour le pire, et surtout, dans la durée. 

Des exemples pour démontrer que ce n’est pas si simple ! 

Mais la réalité est un peu différente ! La fonction de maître-chien ne saurait être une carrière de long terme pour un soldat ! L’encadrement du chien durera au mieux le temps d’une affectation, deux ans au plus, parfois même une seule année. 

Et même sur la durée de cette affectation, cet encadrement ne sera pas permanent. Il faudra compter avec les permissions, certains stages, certaines formations. N’allez pas imaginer, par exemple, que le soldat maître-chien emmène son chien avec lui en vacances… 

Concrètement, cela signifie que pratiquement, les chiens militaires changent souvent de mains : parfois pour des périodes courtes, parfois de manière définitive…

Le chien ne doit avoir qu’un seul maître, sinon il sera traumatisé… mais non ! 

En sont-ils traumatisés ? Et bien l’expérience montre que ce n’est absolument pas le cas. 

Il faut un peu moins de 10 minutes à un chien militaire bien équilibré pour comprendre qu’il a changé de conducteur, et pour s’accommoder de cette nouvelle situation dans la plus joyeuse bonne humeur ! 

Parfois, il pourra même rencontrer son « ancien » conducteur, lui faire fête et politesses, mais sans chercher le moins du monde à revenir avec lui ! Cela peut décevoir un certain romantisme, mais c’est la claire réalité.

Faux pour les chiens de « travail »

Une réalité partagée par tous les chiens dits de travail. Observez les chiens de chasse. 

Souvent, ils n’ont pas été « dressés » par leur propriétaire qui n’en avait pas le temps, ou pas la compétence, mais par un professionnel, quelquefois l’éleveur lui-même. 

Pourtant ces chiens travailleront du meilleur cœur et avec le plus grand enthousiasme avec un conducteur qui n’est pourtant pas la personne qui les aura éduqués.

C’est exactement la même chose pour les chiens de troupeaux, et pour la plupart des chiens qui ont appris une spécialité de ce genre. Au fond, peu leur importe la personnalité du conducteur qui leur donne l’occasion d’exercer leur talent. Ce qui compte, c’est que les indications de ce conducteur puissent être facilement comprises. C’est-à-dire qu’elles soient les plus proches de celles qu’ils ont apprises.

Le chien ne doit avoir qu’un seul maître… mais non, mais il peut avoir autant partenaires que nécessaire !

Et pour nous, voilà une situation qui est tout simplement « normale » : cela peut décevoir ou surprendre, mais aucun chien de travail ne considère son conducteur comme un « maître », mais bien plutôt comme un « partenaire » !

La proposition précédente est d’ailleurs fausse, il faudrait dire : « aucun chien (de travail ou pas) ne considère son conducteur comme un maître, mais comme un partenaire ».

Le chien ne doit avoir qu’un seul maître : mais qui est vraiment le maître ? 

Observez la scène suivante : un conducteur jette la balle, le chien court derrière la balle avec enthousiasme, la rattrape, la rapporte… pour qu’on la jette à nouveau ! Si vous voulez absolument observer cette scène avec des lunettes hiérarchiques, objectivement, qui commande l’autre ? 

Le chien ne doit avoir qu’un seul maître : avez-vous des lunettes hiérarchiques ? 

Les lunettes hiérarchiques sont une maladie de l’homme moderne ! Ce dernier, malgré ce qu’il s’imagine de sa passion de l’égalité, ne sait plus voir le monde autrement qu’avec des chefs qui dirigent. Et des subordonnés qui obéissent. 

Mais une observation attentive du vivant montre que cette conception hiérarchique systématique des rapports sociaux ne correspond pas à la réalité d’une majorité du monde animal.

Dans une vision hiérarchique des rapports sociaux, c’est une question de bon sens : un subordonné ne saurait avoir qu’un supérieur hiérarchique.

Foin de la hiérarchie dans les entreprises libérées

Mais même dans le monde de l’entreprise, une telle vision linéaire est aujourd’hui largement battue en brèche ; c’est notamment le cas dans ce que l’on appelle le mouvement des « entreprises libérées ». Dans de telles entreprises on ne pense plus subordination, mais partenariat !

Maintenant, si votre famille fonctionne réellement sur un modèle hiérarchique, on ne voit pas comment le chien pourrait faire exception à cette organisation.

Le chien ne doit avoir qu’un seul maître : une situation qui n’existe pas ! 

Mais la réalité est que de telles situations n’existent pratiquement pas. Si le chien de la famille est considéré comme un partenaire de la famille, il peut sans aucune difficulté devenir le partenaire de chacun des membres de la famille.

Mais il est vrai que c’est alors toute une conception du rapport avec l’animal, et notamment du rapport avec le chien qui doit être réévalué. Pour le plus grand profit tant des chiens que des… humains eux-mêmes !

Et le chien « partenaire » ?

Le chien partenaire n’a pas à avoir un ou plusieurs « maîtres » dans la famille, parce que le mieux pour lui est de n’en avoir aucun. 

Tout au contraire, il pourra développer avec chacun des membres autant de « relations partenaires » plus ou moins spécifiques ! Pour le plus grand bonheur de tous, le sien y compris ! 

C’est toute la thèse développée notamment dans notre livre : « Éducation réciproque », auquel nous renvoyons volontiers notre lecteur !

Pour aller plus loin :

• notre cours de comportement : Formation Comportement animal et comportement canin

• notre cours pour devenir Educateur canin : Educateur canin comportementaliste

Sur ce sujet, lire aussi : 

Le chien doit être soumis à son maître : vrai ou faux ?

L’homme n’a choisi ni le chien, ni le chat, ce sont ces derniers qui ont choisi l’homme !

Ainsi que la série ci-après

Ce n’est pas l’homme qui a choisi le chien, c’est le loup qui a choisi l’homme

L’homme et le chien, retour vers les débuts…

L’homme et le chien, retour vers les débuts, suite !

Récit : l’homme et le chien ont commencé par chasser de compagnie !

Le loup, le chien et l’homme

Sur le thème des « entreprises libérées », on pourra consulter : 

L’entreprise libérée

Les entreprises libérées : une nouvelle hiérarchisation de l’entreprise

Education Réciproque

« Éducation réciproque » est disponible dans la librairie de notre atelier-école, les Ateliers d’Audreco, 16, rue du château des rentiers, 75013 Paris (donner un lien vers le site Facebook et le site Google)