Caractère dominant : certains individus (humains, animaux) seraient naturellement dominants, et donc d’autres, dominés. Réalité ou… fantasme ? 

Caractère dominant : ce que Freud a dit…

Concernant la réalité d’un caractère dominant, Freud n’a-t-il pas écrit : 

« Les humains ne peuvent se soustraire à l’inégalité, qui est partie intégrante de l’inné et qui les divise entre meneurs et menés. »

Cette manière de voir est largement partagée, et notamment par les observateurs du monde animal. 

Caractère dominant : tout le monde n’est pas d’accord

Tout au contraire, les chercheurs de plusieurs disciplines ont affirmé ceci : l’idée que le monde animal (les humains y compris) est systématiquement hiérarchisé entre des « dominants » et des « dominés » est fausse, ou plus précisément, une simple illusion d’optique.

Pour ces derniers, cette idée de hiérarchie correspond seulement à un préjugé des observateurs.

Illusion d’optique ? Préjugé ? Voyons cela ! 

Caractère dominant ? La parole à… Karl Marx ! 

Une fois n’est pas mon ordinaire, mais je vais pourtant commencer par faire appel à… Karl Marx ! En le citant : « il est remarquable de voir comment Darwin reconnaît chez les animaux et les plantes sa propre société anglaise, avec sa division du travail, sa concurrence, ses ouvertures et ses nouveaux marchés, ses inventions et sa malthusienne lutte pour la vie ! »

Caractère dominant, la parole à… Bertrand Russel ! 

Un autre philosophe, Gallois celui-là, et non moins mathématicien, Bertrand Russel, a noté ceci que je ne peux résister au plaisir de vous transcrire : « tous les animaux… ont tous présenté les caractéristiques nationales de l’observateur. Les animaux qu’étudient les Américains courent frénétiquement dans tous les sens, avec des démonstrations incroyables de vigueur et de dynamisme, et ils finissent par obtenir le résultat désiré par hasard. Les animaux que les Allemands observent restent tranquilles et réfléchissent, et finissent par trouver la solution au fond de leur conscience. »

Caractère dominant qui n’existerait pas, qui a raison ? 

Maintenant, qui a raison, Américains, ou Allemands ? On devine la réponse de Marx, ou encore celle de Bertrand Russel : ni les uns ni les autres, et les uns et les autres, il faut les mettre dos à dos, et les renvoyer à leurs études… Les uns et les autres ont observé… ce qu’ils avaient eu envie de voir ! 

Si nous retirions nos lunettes ?

Nous, les humains, sommes-nous capables « d’ôter nos lunettes » ? Pour ce qui concerne la partie masculine de notre espèce, il est à craindre que le pronostic soit assez négatif ; mais tout n’est pas perdu, semble-t-il, pour sa partie féminine.

Caractère dominant : lequel des deux ?
Caractère dominant : lequel des deux ?

Caractère dominant, ce qu’ont vu certains hommes ? 

Par exemple, les naturalistes Solly Zuckerman, ou encore Iren de Vore (pas de malentendus, malgré la sonorité des prénoms, ce sont bien des messieurs) ont observé et ensuite décrit des sociétés de babouins fortement structurées autour d’un mâle dominant, entouré d’un troupeau plus ou moins conséquent de femelles aussi soumises que dominées. Le rêve secret et profondément refoulé, qui sait, de tout mâle humain ? 

Caractère dominant, regards de femmes

Oui, mais, patatras ! D’autres observateurs, à vrai dire cette fois des observatrices, puisqu’il s’agissait de femmes, Thelma Rowell, Shirley Strum, Barbara Smuts pour ne citer qu’elles, ont observé les mêmes babouins ! Et bien, malgré tous leurs efforts, elles n’ont pas réussi à y découvrir… un seul mâle dominant… 

Elles ont vu tout au contraire une société plutôt matriarcale, au sein de laquelle les seuls mâles tolérés devaient présenter deux caractéristiques principales : la première est de n’être pas nés dans le groupe, la seconde est d’avoir dû s’y introduire en s’y faisant accepter, par diverses démarches politiques excluant tout emploi de la force…

Caractère dominant, seulement dans le cerveau de l’observateur ?

Comme il s’agissait bien des mêmes babouins, il faut se rendre à l’évidence, le concept de dominance n’existe qu’à condition d’être solidement incrusté dans le cerveau de l’observateur…

Caractère dominant, seulement dans le cerveau de l’observateur ?
Caractère dominant, seulement dans le cerveau de l’observateur ? 

Caractère dominant chez les loups, chez les chiens…

C’est ainsi que la presque totalité des ouvrages traitant de la question vous décrivent des sociétés de loups ou de chiens sauvages strictement hiérarchisés autour d’un couple dominant, les autres individus à ce point dominés qu’ils se montrent totalement inhibés sur le plan sexuel… 

Mais, Barry Eaton, dans son essai : « Dominance, mythe ou réalité » a fait observer que les loups et les chiens sauvages ne vivent pas en meute, mais en famille 

Le couple dominant n’est autre que le couple parent de tous les autres, qui ne sont inhibés ni sexuellement, ni de quelque autre manière que ce soit, mais seulement immatures, et destinés à quitter le cocon familial, quand ils cesseront de l’être ! 

Caractère dominant et… sociétés primitives

Claude Levy Stauss, puis après lui, Pierre Clastres ont décrit des sociétés primitives dont l’une des caractéristiques principales était de se refuser à tout concept hiérarchique : dans ces sociétés, nul ne commandait à personne, nul n’avait d’autorité sur personne ; les « chefs » étaient aux plus les porte-parole du groupe, et s’il prenait à tel l’idée saugrenue de prétendre à plus que cela, il se trouvait au mieux chassé, ou plus vraisemblablement encore, exécuté ! 

(Sur ce sujet, mon billet : Pour ce que je vous en dis !)

Comportement de ceux qui croient aux caractères dominants…

Lorsque l’on prend des positions qui ne sont pas celles du plus grand nombre, on prend et on accepte un risque, celui de se trouver contredit, et il n’y a rien que de très normal à cela.

Mais ce qui est remarquable chez les personnes qui viennent contredire une vision non hiérarchique des sociétés animales (ou humaines), c’est qu’elles n’apportent jamais de raisonnements objectifs, qui seraient donc intéressants, à leurs contradictions, mais, outre des affirmations péremptoires, ce qu’il faut bien définir comme des injures ou des insultes.

Affirmations péremptoires

Affirmations péremptoires et qui n’ont aucune valeur démonstrative ? « Tout le monde est d’accord pour dire que… », « J’ai suivi un cours, et je sais ! », ou moins pertinent encore « cela fait des années que j’exerce et que j’observe… ».

Injures et insultes ? Qu’importe ?

Qu’importe, sinon de constater que de telles attitudes dénoncent et démontrent des personnalités pour le moins peu ouvertes à la contestation et au dialogue, bien installées dans un univers hiérarchisé au sein duquel elles s’imaginent fermement installées et confortées dans une position… de dominants parfaitement irrécusables…

Avec de telles personnalités, donc, tout imbues de leur « dominance », prétendre parler de relations réciproques, équilibrées et partenaires… c’est, bien sûr, perdre son temps ! Le plus sage est sans doute d’y renoncer par avance.

Une autre manière de voir

Mais pour ma part, si je déteste l’idée d’être dominé par qui que ce soit, je veux encore moins dominer. Et pour mes chiens, me dites-vous, comment faire ? Contrairement à tout ce qui se dit, je crois qu’une relation réussie avec le chien (ou le chat) n’est certainement pas une relation de domination, mais une relation de partenariat ! 

Une opinion que j’ai souvent défendue, par exemple dans ces billets : 

Une opinion que j’ai bien l’intention de défendre encore ! Et vous, quel est votre avis ?  

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Catégories : Comportement animal

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